au collège Rosa Luxemburg d’Aubervilliers

Recueillir, observer, analyser

atelier de création d’espace public

mardi 22 mai 2012, par Antoine Yoseph

Adeline Besson avait annoncé la méthode : avant toute chose, comprendre comment la ville s’est constituée. Étudier les formes urbaines et les pratiques des habitants sont les deux chemins empruntés en atelier pour rendre concrète cette notion difficile d’espace public.

En collectant des documents, en dialoguant avec des anciens, mais aussi en allant y voir de plus près, appareils photo en main, les élèves sont amenés depuis janvier à porter un autre regard sur leur quartier. Ils sont très libres dans l’utilisation de toute cette matière, qu’ils ont en grande partie constituée.

Un montage m’a particulièrement frappé. Il a été réalisé collectivement à partir de photographies d’archives et de photographies prises par les élèves à l’occasion d’une sortie de la classe dans le quartier Cristino Garcia. On pense à un tissu, à une mosaïque souple. Les images se déploient à partir du centre blanc, permettant une circulation du regard et produisant un effet presque musical. Quelques figures, des détails, sont rehaussés de blanc et noir. Repris sur ce plan d’images juxtaposées, les chemins tracés en jaune, blanc, et noir, viennent jouer avec les lignes des photographies.

Jahouar, photographié par Marouane pendant l’enregistrement de l’entretien avec Mr Bellanger.

Je suis arrivé dans le projet au moment de la préparation des entretiens, avec pour mission principale de rendre compte du processus de travail. L’enjeu, évidemment, était que les élèves rédigent des questions suffisamment ouvertes pour permettre que la parole circule. Dans les deux classes, la question de l’espace public arrivait en fin d’entretien, de manière un peu abrupte. Les élèves semblaient ne pas avoir complètement anticipé que cette notion pouvait ne pas faire sens pour leur interlocuteur. Mais finalement, le malentendu s’est avéré productif. Il a rendu évident, par exemple, que dans la petite Espagne, avant guerre, la distinction entre le "privé" et le "public" n’existait pas.

Il fallait créer les conditions pour que les élèves racontent eux-même ce projet. Profitant de contraintes de calendrier qui m’empêchaient d’être présent à quelques séances, j’ai décidé, en accord avec Adeline Besson, de confier aux élèves volontaires la mission de photographier les entretiens. Après quelques mises au point technique sur la manipulation des appareils et du micro, nous nous sommes donc demandé, avec Jahouar, Florin, Oussama et Marouane, comment rendre compte en quelques images, d’un entretien. Comment photographier une parole qui circule ?