Contribution de Karine Durand à l’assistance à maîtrise d’ouvrage en animation participative

Projet de Cœur de bourg apaisé

Place aux Pivardias à La Petite Boissière (Deux-Sèvres), février 2019

vendredi 22 février 2019, par Karine Durand

Aux côtés du cabinet EntrEliEux et du bureau d’étude Agence Scape, didattica a assuré une mission d’animation participative pour les aménagements paysagers de la traversée du bourg, suite au workshop du Bocage Bressuirais (Agglo 2B).
Les objectifs de cette animation étaient de recueillir les avis des habitants sur les circulations douces, l’aménagement de la traversée du bourg, l’agrandissement de la place au delà de la départementale pour créer une place partagée par tous (voitures, camions, vélos, piétons...) et apaisée.

Les habitants de la Petite Boissière s’appellent les Pivardias, petits piverts en langue Poitevine. Une chanson est à l’origine de cette appellation, racontant une légende fondatrice de l’identité de la commune. Suite au Workshop dans le Bocage Bressuirais, le bourg de la Petite Boissière s’est emparé de son récit collectif avec l’image de l’arbre lié au pivert (la départementale figurant le tronc, la place le cœur du tronc, les routes les ramifications de l’arbre, et les habitations avec les nids des piverts...). Une équipe pluridisciplinaire est venue accompagner le cabinet JMC2 par une assistance à maîtrise d’ouvrage en animation participative : EntrElieux (Franck Buffeteau architecte-urbaniste-metteur en scène) mandataire, Agence Scape (Nicolas Cognard paysagiste DPLG), et didattica (Karine Durand).

Les Pivardias ont été invités à échanger sur l’aménagement « cœur de bourg apaisé », le vendredi 22 février 2019.
Cette rencontre s’est déroulée en deux temps :

  1. présentation des enjeux forts de la commune
  2. discussion par équipe sur deux thèmes : le cœur de bourg et la place élargie, les circulations douces internes au bourg en lien avec les communes environnantes.

L’équipe a animé la soirée et coordonné l’expression des participants.
A l’arrivée, les habitants ont pu découvrir leur bourg schématisé au sol de la salle des fêtes par des scotchs de couleurs. Cette représentation a permis de mettre à plat les points forts, les faiblesses et les possibles pour une traversée apaisée. Franck Buffeteau a décrit le fonctionnement de la traversée, en couplant son déplacement sur le plan au sol d’une projection illustrant ses propos.

La départementale Nord-Sud apparaît comme une coupure très nette, ne permettant pas les transversales qui étaient pourtant les voies primaires. Cette route, très rectiligne, invite immanquablement à accélérer la vitesse (grande ligne droite, bonne visibilité et manque de point de diversion visuelle). Seule l’entrée Sud par le cimetière marque un point d’apaisement avec la présence d’un parking, de murs clôturant le cimetière, et d’un « coude » dans la circulation. Ces différentes dispositions spatiales forment un barrage visuel propice au ralentissement.
A l’instar de la séquence du cimetière, d’autres points d’articulations et enjeux ont été présentés (entrée commerciale Nord, la coulée verte à prolonger au delà de la route, le carrefour historique à signifier, la place cœur du bourg, et l’entrée rurale Sud en articulation avec Saint Amand et la desserte interne du bourg). Ces espaces sont à « mettre en scène » dans le déroulé de la traversée par différents traitements (sol, accompagnement paysagé...). Ces « événements visuels » susciteront la vigilance des conducteurs et donc le ralentissement. Ces dispositifs se couplent à des aménagements limitants la vitesse des véhicules (zone 30km, rétrécissement de la voirie, élargissements des trottoirs...).

© Franck Buffeteau EntrElieux / Nicolas Cognard Agence Scape
Puis, par groupes d’une quinzaine de personnes, les habitants ont échangé leurs points de vue sur le cœur de bourg et les cheminements doux (vélo et piéton) entre quartiers et au delà vers l’ensemble du territoire. Ils ont fait des propositions en termes d’utilisation des espaces publics, de déplacements piétons, et du bien être dans le bourg. Ce moment de participation des habitants à leur cadre de vie a permis de débloquer deux points qui étaient restés en suspens :

  • la desserte de l’école : un habitant a proposé un passage dans son jardin
  • la continuité de la coulée verte : un habitant a proposé de céder une partie de son terrain

L’objectif de cet atelier était de transformer la départementale en « une voie qui traverse une grande place », d’où le travail sur l’étendue de la place, se déployant au delà de la route (vers l’école, les cheminements piétons, et les jardins potagers). Il s’agit de réaliser un « déconditionnement » des automobilistes, avec un aménagement qui tend vers un « espace partagé » (traitement uniforme des sols de part et d’autre de la route pour matérialiser la nouvelle emprise de la place).
Une idée a été lancée d’opération « façades » aux couleurs des piverts (rouge, blanc beige et vert).

Afin d’associer les habitants à l’aménagement de leur cadre de vie, on pourrait aussi envisager une plantation des pieds de façade. Une simulation spatiale a été projetée pour donner envie aux habitants et montrer le changement opéré sur l’effet visuel de la traversée.

Soixante dix personnes et quelques enfants ont participé à la soirée. Elle s’est poursuivie avec deux ateliers, un en milieu scolaire à destination des enfants et un autre autour de l’animation du centre bourg. Pour ce dernier, une mise en scène de révélation des aménagements futurs se réalisera lors d’une "conversation créative".
Des outils de communication ont été développés pour travailler à l’identité visuelle du bourg avec des panneaux en bois en support :

Les panneaux ont été fabriqués de manière pérenne pour servir de support aux futures communications sur le projet du bourg (travaux de voirie et déviation, ouverture de nouveaux équipements : une épicerie sociale et solidaire, actualité communale : récolte dans les jardins partagés...).