atelier cinéma à la Maison des jeunes Serge Christoux (OMJA)
SÉANCE 1 / ATELIER DANSE - Vendredi 17 janvier 2014
lundi 29 septembre 2014, par ,
Après l’atelier écriture, c’est l’atelier danse de l’OMJA que didattica rejoint pour six séances.
On est vendredi, il est 18h, Aminata se retrouve comme chaque semaine, avec les filles de son cours pour 2h de danse.
Léa prépare la salle, il y a pas mal d’allers et venues à la maison des jeunes, elle croise Ousseni, Youssef et Joyce de l’atelier écriture. Ce dernier l’aide à transporter la maquette de la médiathèque à la salle où se tient le cours de danse. Sur le chemin, ils croisent Sephora, la sœur de Joyce qui a participée aux ateliers d’arts visuels avec Stella. Elle les suit jusqu’à l’OMJA. Ils discutent de leurs ateliers réciproques. Sephora lance à son frère : « Moi, je sais ce qu’il y a dans la boîte. », Joyce répond : « Moi aussi ! ». Cette maquette du quartier symbolise le point commun entre les différents ateliers menés par didattica cette année 2013-2014 : la transformation du quartier.
La séance commence, quatre filles sont présentes : Khadiatou, Rose, Emilie et Léa. Comme les garçons de l’atelier écriture, c’est un groupe soudé. Khadiatou est en CM2, c’est la plus jeune. Les trois autres sont en 6e, elles ont 12 ans.
Léa est seule avec Aminata pour encadrer les filles aujourd’hui. Elle a besoin de l’ordinateur du bureau pour pouvoir montrer des images. Elle commence l’atelier par un tour de table pour que chacune se présente : prénom, classe. Léa avait rencontré les filles une première fois avant les vacances de Noël pour leur présenter la proposition d’atelier cinéma. Elle les questionne sur ce qu’elles ont retenus de cette rencontre. Difficile de les rendre actives dans la discussion. Khadiatou répond finalement : « Faire un film sur notre quartier ». Elles se souvenaient aussi qu’Adeline Besson, leur professeur d’arts plastiques au collège pour trois d’entre elles, fait partie de l’histoire. Elles demandent même si elle va venir à l’atelier.
Léa explique comment la séance va se dérouler. Elle va d’abord leur présenter des images des personnages et actions du futur film auquel elles vont participer. Ensuite elle voudrait que les filles lui présentent leurs danses et elle va filmer la chorégraphie qu’elles préparent avec Aminata pour la montrer à Felice qui va les rejoindre à la prochaine séance.
Le petit groupe se déplace dans le bureau de la Maison des jeunes pour regarder les images. L’une d’entre elles reconnaît la fenêtre de son appartement dans la barre Albinet. Elles reconnaissent Adeline Besson, Sophie Durel, Maud Gauthier... l’immeuble d’untel, ou tel collégien... Léa évoque la dimension politique du projet : négociation avec l’architecte en charge du projet paysagé du quartier, proposition à la municipalité, revendication de faire de l’architecture et de l’aménagement avec les premiers concernés, les habitants, la violence des transformations urbaines...
L’attention n’est pas au rendez-vous et l’attitude des filles montre peu d’intérêt sur ce qui est en train de se dire. Léa les interpelle : « Bon, si ça ne vous intéresse pas, j’arrête là. Vous n’êtes pas obligées de faire cet atelier et moi non plus. Je ne suis pas là pour faire la police, pour corriger votre comportement... ». Khadiatou répond : « On peut dire que l’on préférait le quartier avant ? ». Pas évident de discerner dans leur attitude leur envie de participer à l’atelier. Ont-elles vraiment envie de s’emparer de cette opportunité pour donner leur point de vue sur leur quartier ? Il y a quelque chose à dépasser, un mode relationnel nonchalant, voire indifférent mais, dans le fond, elles ne demandent peut-être qu’à participer. C’est à nous de savoir créer les conditions de l’échange. Tout l’art de la pédagogie est là. Les filles affirment alors qu’elles veulent continuer.
De retour dans la salle de danse, Léa a installé la caméra sur un trépied et demande aux filles de lui présenter les musiques et les types de danse qu’elles travaillent depuis le début de l’année.
Les danses viennent du Congo et de la Côte d’Ivoire. La chorégraphie qu’elles travaillent avec Aminata depuis mi-octobre rassemble trois extraits de trois chansons :
Aminata qui, jusque là, n’avait pu être trop présente, aide les filles et complète les explications sur les danses. Ce moment lui permet de vérifier la connaissance que les filles ont acquises sur les danses.
Mais maintenant assez parlé, place à la danse ! Les filles se placent et présentent la chorégraphie, deux fois de suite. C’est beau de les voir heureuses de danser, chacune avec son expression, son caractère. Il émane des choses que les mots ne disent pas.
Aminata explique que la chorégraphie est prête et qu’elles vont maintenant préparer les costumes. Elles vont choisir les couleurs et les formes de leurs costumes et les fabriquer.
Léa leur demande si les paroles des chansons sont importantes, s’il y a des messages qu’elles veulent défendre. Non, les filles ne s’attachent pas beaucoup aux paroles, en revanche en ce qui concerne le deuxième morceau, "Thérapie", il est important de savoir que c’est un hommage à Mickaël Jackson (anniversaire de sa mort). C’est semble-t-il leur morceau préféré.
Léa demande si ces musiques et ces danses ont à voir avec leur culture familiale. _ Aucune des filles n’ont des origines qui proviennent du Congo ou de Côte d’Ivoire, mais c’est l’Afrique ! Et c’est d’aujourd’hui ! Le coupé-décalé est une danse récente, urbaine.
Pour conclure la séance, Léa demande aux filles de lui donner des noms de films sur la danse, qu’elles ont aimés. Elles commencent par parler d’un film qu’elles ont fait avec l’OMJA dans lequel Rose danse, "Charlie Chaplin". Elles énumèrent ensuite :
Il est bientôt 20h, Aminata doit fermer l’OMJA. La séance se termine. Les filles continuent une par une de raconter à Léa, l’histoire d’autres films qu’elles aiment.
Dans les films évoqués par les filles, c’est la danse qui est le sujet même du film, comme rassemblement, force collective, émancipation (exemple de l’histoire d’une jeune adolescente qui sort de prison, Honey 2, et construit sa vie avec la danse).
Tout le monde se dit au revoir. C’est la fin de la séance et la fin de la semaine. Pas évident de faire un atelier dans ce moment-là. La concentration est difficile le soir et après une semaine d’école. Il va falloir adapter l’intensité du travail prévu pour chaque séance à ce moment particulièrement difficile.