un article de Léa Longeot

Le projet en tant que processus démocratique et en tant qu’espace transactionnel de reliance

paru dans dans l’ouvrage collectif "Ville, environnement et transactions démocratiques"

dimanche 18 septembre 2011, par Léa Longeot

Ouvrage dirigé par Philippe Hamman et Jean-Yves Causer (dir.), Ecopolis n°12, P.I.E. Peter Lang, éditions scientifiques internationales, Bruxelles, 2011.

Présentation de l’ouvrage

Dans la vie quotidienne, de nombreuses activités nécessitent des échanges, des négociations ou des transactions. Parce que les sciences sociales négligeaient l’importance de ces actes courants, leur dimension conflictuelle était perçue comme irrationnelle, nuisible ou pathologique. Le concept de transaction sociale, au cœur de l’ouvrage, comble ce manque. Cet ouvrage rend hommage au sociologue de la transaction sociale, Maurice Blanc, ainsi qu’à ses prédécesseurs : Jean Remy et Liliane Voyé.
Ce volume analyse trois niveaux de concessions réciproques, ou de transactions. D’abord, celles entre individus et groupes sociaux qui cohabitent dans un même espace, avec leurs cultures et leurs modes de vie : agriculteurs et chasseurs, Roms et habitants de la banlieue, etc. Ces transactions permettent de sortir du conflit entre « bons » et « mauvais » voisins. Ensuite, les transactions entre gouvernants et gouvernés, quelquefois avec la médiation d’intervenants sociaux. Enfin, dans les coalitions au pouvoir, municipales ou associatives, les transactions qui débouchent sur des compromis pratiques, malgré les désaccords sur les valeurs. Sans transactions sociales, la démocratie et le développement durable restent des coquilles vides.
Chez le même éditeur, un autre volume se concentre sur les transactions dans les champs du travail et de la formation.

Introduction de l’article de Léa Longeot

Provenant du champ de l’architecture, nous souhaitons mener ici notre réflexion autour des thématiques de la participation, la citoyenneté et la démocratie locale, que vous proposez, à partir d’un projet de création collective que nous avons initié il y a plus de deux ans à Montreuil au sein d’une association basée à l’Ecole d’Architecture de Paris La Villette. Ce projet s’est mis en place dans le cadre de coopérations et de partenariats associatifs et institutionnels dont la particularité est la grande hétérogénéité des milieux professionnels, sociaux, culturels et générationnels dont sont issus les participants au projet.
Nous aborderons le projet comme le lieu même du processus d’émergence et d’agencement d’un espace démocratique de création et d’un espace transactionnel de reliance. Le processus du projet est ici le lieu où se jouent des transactions sociales, « processus de socialisation et d’apprentissage de compétences démocratiques » comportant une dimension interculturelle très importante . Le projet étant considéré ici autant comme un projet visant la réalisation d’un processus que comme un projet visant la réalisation d’un objet.
Dans cette approche du projet visant un processus, et en particulier un processus de citoyenneté, nous nous intéresserons aux méthodologies participatives et pédagogiques qui ont guidé les relations en train de se construire en vue d’encourager les rencontres sociales, culturelles, professionnelles et générationnelles et les échanges, dans un travail commun. La notion de "transaction" rassemble en effet cette dimension constructiviste du processus et celle d’échange dans les relations. Nous tenterons de développer l’idée que le processus de projet peut être considéré comme un processus démocratique qui engage une méthode pédagogique dont l’un des enjeux est l’apprentissage du travail coopératif, travail considéré comme faisant partie des compétences démocratiques. Ce processus conduit en effet à créer du collectif en même temps que de créer une œuvre porteuse d’une parole politique, c’est-à-dire porteuse d’une parole singulière qui fait entendre une position, une différence, une culture dans l’espace public.

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