Atelier d’arts visuels à la médiathèque

A la rencontre de Michel, une légende urbaine

Séance 4 – samedi 20 octobre 2013

vendredi 17 janvier 2014, par Antonia Lair, Léa Longeot

L’atelier accueille une nouvelle personne dans l’équipe pédagogique : Antonia.
Elle est architecte et sera la scribe de l’atelier : elle écrira elle aussi une histoire en images et textes, celle des séances.


Stella lit à haute voix l’histoire collective, résultat de la synthèse de toutes les histoires racontées par les filles depuis le début de l’atelier. Elles écoutent, attentives, rires sur certains passages elles sont amusées de retrouver leurs dires mis ensemble.

  • "Appartement de la magicienne, Bidia. Ses amies sonnent à la porte. Retrouvailles ! Scène de magie : Bidia se transforme en fée et montre à ses amies la vue du chantier qui tout d’un coup devient un rêve de couleurs, d’animaux, de tissus… avec plein de toboggans, de collines. Elles décident d’aller jouer dehors. Rue Albinet, elles retrouvent d’autres amies et jouent à cache-cache et au chat perché. Elles rigolent, courent dans tous les sens. A la recherche des filles cachées, passage devant la PMI (la percée de la barre Albinet), et enfin rue Bengali, elles sont là. En face d’une maison brûlée. Que s’est-il passé ? La peur monte. Elles entendent Michel, un vieil homme, sale et méchant, qui appelle sa chienne, « nana ?! ». Elle se rapprochent tout doucement, avec beaucoup de précaution et voient, stupéfaites (surprises), Michel entrain de réparer sa voiture avec un couteau !!! Aï ! Aï ! Aï ! La peur est très grande ! Et tout d’un coup, la chienne nana se met à les courser. Elles partent en courant et arrivent devant la médiathèque, essoufflées.

    Sylvie est là et elles lui racontent ce qui vient de se passer. Sylvie leur dit : « Bande de commères ! Michel n’est pas méchant et sa chienne nana non plus ! ». Diaba répond : « Mais il avait un couteau ! Pour réparer sa voiture ! », Sétou reprend « Mais ce n’était pas un couteau c’était une clé à molette ! », Séphora continue « Mais, tu sais ce que c’est, toi, une clé à molette ? ». Sylvie rebondit « Savez-vous qu’il connaît très bien ce qui se passe sur le chantier ? Il pourrait vous montrer les outils bizarres et les grosses machines de ses amis qui installent les futurs jeux en bois. » Elle rigolent. Séphora demande à Sylvie, en montrant du doigt l’endroit où il y avait l’école maternelle : « Notre école a été détruite. Tu crois que cela va devenir l’école des chatons ? ». Tout d’un coup, surprise, Ali interpelle tout le monde : « Vous avez vu ? Il y a Stella là-bas sur le chantier ! Elle a l’air d’aider les ouvriers à fixer les grosses sculptures en bois ! Vous avez vu ? Il y a de super grosses machines ! »."

Stella explique le déroulement de la séance. Aujourd’hui il s’agit de prendre en photo les lieux où se passe l’histoire.


Tout d’abord, un peu de théorie. Stella explique la notion de cadrage : « C’est ce qu’il y a autour des tableaux… dans une photo, c’est la limite de l’image ».
Les filles sont un peu distraites et impatientes, elles ont hâte de passer à la partie pratique : prendre les photos.
Plan large, plan rapproché, gros plan, ligne d’horizon, autant de nouvelles notions que Stella illustre en dessinant au tableau ainsi qu’en montrant un livre pop up qui met en évidence différents plans dans la profondeur de champ. L’apport de support plastique suscite immédiatement l’intérêt chez les enfants. Séphora observe attentivement le livre d’un air amusé.

Premier exercice, Stella distribue une image extraite d’une bande dessinée, bien connue des enfants, ainsi que trois cadres noirs en papier de tailles différentes. La consigne : trouver trois détails, trois plans rapprochés et trois plans large contenant plusieurs éléments.

Après ces explications, les filles sont contentes de passer à la pratique. Elles cherchent avec application les différents plans, les détails…
Certaine vont plus vite que d’autres, Horia prend le temps d’aider les plus en difficultés.

Stella récupère les cadres et les feuilles puis distribue un carnet de bord à chacune ainsi qu’un plan du quartier qu’elles doivent coller dans ce qui sera leur carnet personnel. Elles sont inquiètes, elles craignent de mal positionner le plan et demandent l’aide d’Horia ou Stella.
Les filles doivent ensuite repérer dans le plan du quartier les différents lieux de l’histoire : la PMI, la rue Albinais, la rue Bengali et la bibliothèque.
Pas facile de se repérer au départ. Mais dès le premier élément trouvé, la suite devient plus simple, « J’ai trouvé la rue Bengali ! ».

Une fois ces lieux repérés, elles les marquent à l’aide de pastilles autocollantes. Bidia, la plus âgée, a terminé avant tout le monde « j’ai tout trouvé ! », elle explique à Maëlys : « là tu mets chez Bidia, là tu mets devant le PMI »…

Maintenant, la sortie tant attendue. Stella présente l’ordre de visite des lieux : « En premier, la rue Albinais, après on passe devant la PMI, puis la rue Bengali et pour finir, la bibliothèque ».

Le petit groupe se prépare, les filles emportent chacune son carnet de bord avec le cadre découpé dans du carton intégré afin de "cadrer" les prises de vues. Horia reste à la bibliothèque. La première scène se déroule devant chez Bidia. Et c’est parti !

Dans la rue, chaque passant que l’on croise est une personne connue, un frère, un oncle, un voisin…

Chacune à leur tour, elles prennent une photo avec l’aide de Stella qui explique : « choisissez une seule chose à prendre en photo ».
Ce ne sont pas les idées qui manquent, les filles répondent : « Moi, le chantier. », « Moi, les grues. », « Moi je prends le terrain. ».

Elles regardent les lieux, sont assez dispersées, excitées à l’idée de prendre en photo un endroit qu’elles connaissent si bien. Quelle expérience de porter un autre regard sur un lieu de son quotidien !

Stella explique comment prendre une photo avec l’appareil numérique. Les filles s’agitent, Stella doit hausser le ton. C’est Maëlys qui commence, Stella la dirige : « _ Par exemple, dans la scène du jeu de cache-cache, peut être que vous allez vous cacher derrière un arbre. Essaye de prendre en premier plan l’arbre et en deuxième plan le chantier. ».
Les filles se prennent vite au jeu du cadrage et se concentrent sur l’exercice, Bidia explique à Sétou : « Avance pour voir la voiture. ».

Stella guide les filles dans la rue, en suivant le fil de l’histoire : « Vous arrivez en bas de l’immeuble de Bidia, et vous jouez à cache-cache. Et ensuite ? Est ce qu’il y a un endroit ici où vous vous êtes déjà cachées ? ». Les filles expliquent leur pratique des lieux. Sephora commente : « Il n’y a rien à faire ici, moi je n’aime pas trop ce chemin. ».

Au fur et à mesure de la sortie, le groupe se rapproche du garage de Michel, personnage clef de l’histoire commune, véritable légende du quartier. D’après les filles, il répare les voitures avec un grand couteau ! Il paraîtrait même qu’il mange les enfants !
L’excitation se fait sentir. Partagées entre panique et agitation, certaines n’osent pas avancer davantage, apercevant Michel au loin. D’autres, intriguées, s’avancent doucement.
La rue Bengali est calme, très peu de passage, Michel est devant chez lui, il répare une voiture.
A la fois apeurées et intriguées, les filles appellent en cœur : « A trois on appelle Michel. Michel ! »
Sephora n’ose pas s’approcher, elle reste distante du groupe.
Arrivée à la hauteur du garage, Stella explique à Michel le travail de l’atelier : « nous allons faire une histoire autour du chantier du square Roser, les filles ont beaucoup parlé de vous ».
Au fur et à mesure de la rencontre, le dialogue s’installe entre Michel et les filles. Il semble au courant des bruits qui courent à son sujet et demande : « Je vous ai déjà fait du mal ? »
Maëlys répond : « En fait moi, j’avais peur quand on était là-bas et que vous m’avez demandé ma trottinette. ».
Michel : « Mais je te l’ai demandé gentiment, je ne te l’ai pas prise des mains. »
Maëlys : « Mais j’avais peur. »
Michel : « J’ai vu que tu avais peur. »
Les filles semblent rassurées, mais elles restent distantes. Le petit groupe repart.
C’est la fin de la séance, tout le monde regagne le chemin de la bibliothèque. Une journée forte en émotions !