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Jeudi 4 mars 2021
mardi 23 mars 2021, par
Peu de français le connaissaient malheureusement mais de nombreux européens le lisaient, l’écoutaient depuis bien longtemps, en Ex-Yougoslavie, en Pologne, en Albanie, en Roumanie, Bulgarie, Italie, Espagne, Lettonie, Belgique, Allemagne, Suède, Suisse…
Marcel Courthiade avait voué sa vie à la langue et la civilisation rromanis. Le peuple rrom a perdu l’un de ses plus fervents et brillants défenseurs.
Docteur en linguistique, maître de conférence en langue et civilisation rromanis dans le département Asie du Sud de l’Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO) depuis 1997, il venait de présenter le 30 juin 2020, son habilitation à diriger des recherches (HDR). Dans l’introduction de cet immense mémoire de synthèse rassemblant toute son oeuvre scientifique, il disait : “Ce tour d’horizon de mes productions passées ou en cours de réalisation (…) devrait pouvoir, espérons-le, répondre au moins en partie à la question que chacun se pose arrivé à un certain âge : « Que vais-je laisser après moi ? ».”
Le dernier acte fort qu’il accomplit fut de co-organiser les 5 et 6 novembre 2020, avec Mila Dragović de l’équipe de recherche ‘Pluralité des Langues et des Identités : Didactique, Acquisition, Médiations’ (PLIDAM) et Iovanca Gaspar, doctorante en sociolinguistique à Université Friedrich Schiller de Iéna en Allemagne, le Colloque international “Millénaire Rrom : Bilan et perspectives” en pleine pandémie par visio-conférences.
Il était commissaire à la langue et aux droits linguistiques de l’Union Rromani Internationale et consultant de plusieurs gouvernements pour l’éducation des Rroms (Hongrie, Serbie, Cossovie [Kosovo], Albanie). Son dernier ouvrage paru en France en mai 2019, était le premier travail proposant une vision d’ensemble de l’histoire du peuple rrom de l’Inde antique à la dispersion en Europe et au Brésil, “Petite histoire du peuple rrom. Première diaspora historique de l’Inde”, Le Bord de l’eau en partenariat avec didattica, collection Clair&Net dirigé par Antoine Spire.
Notre éclaireur de lutte et de pensée nous a quitté le jeudi 4 mars 2021, alors qu’il était à Tirana, en Albanie, terre de naissance de son épouse Jeta Duka et où il avait vécu lors de son contrat de traducteur, interprête et analyste de presse à l’Ambassade de France de 1982 à 1991.
Nous sommes en deuil, dans une profonde tristesse, encore sous le choc de ce départ inattendu de Marcel Courthiade à l’âge de 67 ans.
Ensemble, nous avions de nombreux projets en cours et des évènements prévus pour la diffusion de son dernier ouvrage, tous reportés en raison de la pandémie du coronavirus. En particulier à Marseille au Mucem, en dialogue avec Rudy Ricciotti et Julien Blaine, à Toulouse au Forom des langues du monde organisé par le Carrefour Culturel Arnaud Bernard fondé par Claude Sicre, à Seissan (Gers) au festival Welcome In Tziganie, à Châteauroux avec le service culturel municipal et la Pastorale des migrants, et à Paris avec Marc Delouze et ses Parvis poétiques.
Nous vous tiendrons informés des hommages qui auront lieu en France en sa mémoire.
Pour celles et ceux qui souhaitent l’écouter, voici ci-dessous quelques liens vers des vidéos d’interventions publiques de Marcel Courthiade. Et si vous voulez le lire, son dernier ouvrage est accessible dans toutes les librairies.
En toute amitié commune, Julián De Moraga nous offre un poème dans sa langue maternelle, qu’aimait beaucoup Marcel.
ASÍ FUE
Aún más lejos me arrastran
en una tierra desconocida.
El suelo se hace más duro,
el aire más vivo y más frio.
Afectadas por el viento
de mi objetivo desconocido,
las cuerdas tiemblan
de espera.
Todavía interrogante,
llegaré
ahí donde la vida se apaga
en una nota simple y pura
en medio del silencio.
Sonriente, abierto, incorruptible,
el cuerpo a la vez contenido y libre.
Un hombre convertido en lo que podía
siendo lo que era
siempre dispuesto a reunir todo
por un simple sacrificio.
Mañana nos afrontaremos
la muerte y yo.
Ella hundirá su puñal
en un hombre despierto.
¡Pero cómo me quema el recuerdo de cada instante
desperdiciado !
Éloigne-toi plus près –un journal métaphysique
Entracte VI. — Poésie
L’heure d’avant la vie - Poèmes indésirables
Julián De Moraga