jeudi 25 janvier 2007, par
L’exposition s’articule autour de plusieurs dispositifs scénographiques qui fonctionnent autour d’un endroit (intérieur invisible) et d’un envers (extérieur visible).
1 Les boîtes
Jouent entre l’extérieur et l’intérieur.
A l’extérieur, des noms-étiquettes et des stéréotypes attribués aux peuples européens sans territoire compact et sans Etat. Ces stéréotypes sont tamponnés sur le dessus de la boîte : les mots sont présentés au pochoir bleu en référence à un graffiti peint « à la va vite » sur un mur.
A l’intérieur, deux textes présentent ces peuples pour amener le spectateur vers une connaissance à la fois endogène et scientifique, de ces peuples.
Les Rroms font partie des ces peuples européens sans territoire compact et sans Etat. Les peuples européens ayant des Etats-Nations ont très souvent une grande méconnaissance de ces autres nations et ont des difficultés à les appréhender du fait des catégories traditionnellement associées à l’identité nationale. Par exemple, le peuple rrom n’a pas d’Etat-Nation ni de religion unique : la nation rrom s’appuie, entre autres, sur la langue rromani et un ensemble de symboles pour construire son unité.
2 La carte
Joue sur le recto-verso d’une couture.
D’un côté, la carte reprend la migration historique du peuple rrom qui va du continent asiatique au continent européen et présente une chronologie de l’histoire des Rroms avec les évènements principaux. De l’autre, les coutures de la carte servent de support aux noms-étiquettes souvent donnés aux Rroms dans les différents pays.
3 La caravane
Joue sur deux archétypes.
L’image réalisée sur du kraft représente une caravane en grand format. Sur celle-ci, est peint un paysage largement inspiré d’une peinture de 1848 intitulée « Eldorado » et destinée à un carton de tapisserie pour la manufacture Zuber. Ce paysage kitsch condense à lui seul, un ensemble d’archétypes architecturaux : les pyramides égyptiennes, le temple et les ruines grecs, le minaret, un morceau de château fort. Ce type de tapisserie correspond à une vision fantasmée d’un regard occidental sur les civilisations. Il est encore très en vogue dans certains intérieurs bourgeois.
La caravane renvoie de son côté à l’idée d’exil et au nomadisme supposé du peuple rrom. C’est un stéréotype qui est devenu un archétype : une forme d’habitat (pourtant minoritaire chez les Rroms) est devenue une représentation généralisée de la culture rrom et finalement un lieu commun et un fantasme de l’identité rrom.
4 La cabane
Joue sur deux réalités.
La première, une réalité sociale, est représentée par une cabane en carton ressemblant aux habitations précaires des Rroms nouvellement immigrés et venant notamment de Roumanie, qui sont construites aujourd’hui dans le quartier du Landy. La seconde, une réalité culturelle, est représentée par des dessins noirs d’instruments de musique, collés au sol et se dirigeant vers la cabane.
Cette installation dénonce la réduction du peuple rrom à l’image de la pauvreté ou bien à celle de la musique, composante connue de sa culture (sous le nom de « musique tsigane »).
A l’intérieur de la cabane, est diffusé un film sur un atelier pédagogique mené par l’association didattica. Dans cet atelier de création cinématographique, réalisé avec des élèves rroms ou non, nous avons considéré la culture non pas comme une vitrine (ou une image) mais comme le support d’une action pédagogique visant un travail de création ainsi que la diffusion et la production de connaissance