session animée par didattica au sein du colloque "Participation citoyenne : Expériences et limites d’un idéal de démocratie"
16-17 juin 2016 à l’Université François Rabelais de Tours
jeudi 9 juin 2016, par
Dans le cadre du colloque "Participation citoyenne : Expériences et limites d’un idéal de démocratie", du programme de recherche ECLIPS, didattica a organisé et animé une session sur le thème "Architecture, urbanisme et démocratie", le vendredi 17 juin à 15h.
VIDEO de la table ronde animée par didattica
http://colloque.eclips.univ-tours.fr/la-dimension-hybride-et-transversale-des-demarches-democratiques-en-architecture-et-urbanisme/
Cette session était organisée en deux temps de réflexion.
L’un à partir de la projection d’un film qui relate une expérience d’implication citoyenne dans un projet urbain et l’autre à partir d’un ouvrage collectif qui rassemble des collectifs d’architectes et d’artistes développant des démarches d’implication citoyenne mobilisant des approches au caractère transdisciplinaire et interprofessionnel.
organisée par l’association didattica
Avec la participation de :
Enjeux et limites d’une expérience d’implication citoyenne dans un projet urbain : ateliers de co-conception d’un square à Aubervilliers
Projection et présentation du film Landy Land se métamorphose
De l’occupation d’une friche industrielle en jardin éphémère (Jardin des fissures) à la co-conception du square Roser au Landy, entre habitants, acteurs d’une rénovation urbaine, artistes et architectes, “Landy Land se métamorphose“ dresse le portrait d’un quartier de banlieue parisienne qui fut au cœur de l’industrialisation française, appelé jadis La petite Espagne. Le film retrace le déroulement d’ateliers de création artistique et d’aménagement urbain qui ont permis d’aboutir à la co-conception d’un square avec des habitants, tout en intégrant des éléments visuels et sonores, entre enquête et carnet de bord des jeunes du quartier qui accompagnent les transformations urbaines de leur lieu de vie.
C’est l’histoire d’un processus culturel et politique d’éducation populaire dans le cadre d’un projet urbain, une aventure pédagogique et coopérative qui constitue la ligne directrice du film.
Une démarche participative comme celle-ci s’appuie sur des méthodes pédagogiques, artistiques et événementielles afin de rassembler la diversité des acteurs d’un territoire pour une co-production d’espace. La particularité de l’action menée au Landy a été en effet son caractère coopératif. Un nombre important de partenaires opérationnels ont travaillé ensemble. Ils provenaient aussi bien du milieu associatif que des services de la ville et de la communauté d’agglomération que de l’éducation nationale et du milieu artistique et architectural.
Les collectivités territoriales porteuses de projets architecturaux et urbains font face à un enjeu de participation démocratique. Il s’agit pour elles de favoriser l’implication des habitants dans le processus de ces projets et de soutenir ainsi le développement de pratiques professionnelles adaptées à l’émergence d’une démocratisation de l’architecture, de l’urbanisme et de l’aménagement.
Avec cette expérience, didattica a voulu répondre à ce besoin de médiation culturelle non seulement entre les habitants et les acteurs opérationnels d’une rénovation urbaine mais aussi entre les habitants eux-mêmes, qu’ils soient enfants, adolescents ou adultes. C’est pour cela que l’association se situe dans la filiation du mouvement d’éducation populaire mettant en avant l’importance de la formation politique des citoyens par des démarches culturelles.
Ce type d’expérience relatée dans le film met l’accent sur le fait que ce type de démarche de médiation est aujourd’hui possible grâce à l’engagement bénévole de différents acteurs et en particulier de professionnels ayant des compétences techniques, artistiques et pédagogiques. C’est ce qui en fait sa limite. Le manque de temps et de moyens alloués à ce type de démarche provoque non seulement des sentiments de frustration aussi bien du côté des bénéficiaires que des porteurs. Aussi, elle ne permet pas d’aller à la rencontre de l’ensemble des habitants du territoire.
Une hypothèse qui pourrait être soumise au débat est qu’une des difficultés importantes de ce genre de projet réside dans la coordination des temporalités et rythmes des différents acteurs : entre la maîtrise d’ouvrage, les politiques publiques, la création artistique et la vie quotidienne des habitants. Pour cela, un enjeu serait de sensibiliser et former les différents acteurs intervenant dans la production d’espace sur la question des temporalités mais aussi sur les méthodes de coopération. Ce projet que la ville d’Aubervilliers a soutenu, est de petite échelle et comporte un caractère expérimental. Il permet d’éprouver des méthodes qui se veulent faire progresser la « démocratie culturelle ». Il s’inscrit ainsi dans des changements paradigmatiques actuels et révèle des contradictions auxquelles font face les divers acteurs parties prenantes de ce type de projet.
Sabrina Bresson, sociologue enseignante-chercheuse, organisatrice de ce colloque, sera invitée à donner sa lecture des questions soulevées par le film.
La dimension hybride et transversale des démarches démocratiques en architecture et urbanisme
Table ronde s’appuyant sur la récente parution de l’ouvrage Construire quoi, comment ? L’architecte, l’artiste et la démocratie, actes des Rencontres nationales des pratiques socioculturelles de l’architecture, aux éditions « Architecture institutionnelle » de l’association didattica.
Ces dernières années ont vu l’émergence de pratiques issues de l’architecture et de l’urbanisme, ayant un caractère associatif et politique. Multiples, ces pratiques recouvrent les domaines de la pédagogie et de l’éducation, de la participation citoyenne, et de l’action artistique en rapport avec l’espace public et les « territoires ».
Des architectes, organisés en associations ou en collectifs informels et sous d’autres statuts encore, travaillent en collaboration avec d’autres professionnels tels que les artistes, les urbanistes, les sociologues ou les géographes. Ils se questionnent sur leur rôle dans la société et dans ce que les institutions appellent souvent “la médiation de l’architecture et de la ville auprès des publics”. Les initiatives se multiplient aujourd’hui dans ce domaine, en France mais aussi à l’étranger. Dans ce contexte, deux associations, Pixel[13] (Friche Belle de Mai) et didattica (Ecole nationale supérieure d’architecture de Paris La Villette), se sont rapprochées afin d’organiser les Rencontres nationales des pratiques socioculturelles de l’architecture à Marseille à la Friche Belle de Mai.
Le livre réunit 35 contributeurs, architectes, artistes, chercheurs venus des quatre coins de la France (Marseille, Lyon, Paris, Rouen, Pau, Grenoble), il contient des articles d’analyse et d’historisation d’un mouvement émergeant dans les champs de l’architecture, de l’urbanisme et du paysage.
Les invités à la table ronde : ils sont identifiés pour leur contribution actuelle au développement du caractère transdisciplinaire et interprofessionnel de ces pratiques. N’ayant pas participé aux Rencontres de Marseille, ils viennent apporter un regard renouvelé sur ce courant :
Elise Macaire et Léa Longeot animeront le débat : présentation des questions posées dans l’ouvrage et questionnements sur leur actualité.
Jodelle Zetlaoui-Léger, sociologue urbaniste et enseignante chercheuse (LET-ENSAPLV), sera la discutante de cette table ronde ; elle soumettra des hypothèses sur les mutations actuelles de ces pratiques, les enjeux de professionnalisation, les typologies de pratiques, les doctrines professionnelles, les articulations avec l’action publique, etc.
Les interventions seront courtes (8 min max) afin de permettre un temps important pour les échanges avec le public.