Récits et réflexions

"Histoires de politique"

Mémoire de Master de Léa Longeot

mercredi 17 août 2005, par Léa Longeot

Master obtenu avec mention très bien à l’Université de Paris 8 au Département "Lieux et transformations de la philosophie", UFR Arts , Philosophie et Esthétique.

INTRODUCTION DU MÉMOIRE

"Des histoires, des positions, des mots posés sur des actions. C’est le commencement d’un travail qui se situe au croisement de deux mondes, celui de l’architecture en tant qu’art politique et celui de la philosophie en tant qu’activité de la pensée, de la pensée politique.
D’abord l’architecture et le métier d’architecte. Nous interrogeons les pratiques d’un métier dans ses rapports au politique. Comment être cohérent entre une vie et en particulier une vie professionnelle faite de relations, et une pensée politique ?

L’architecture est un art politique qui a la particularité de concerner toutes personnes car toutes personnes habitent, et d’être à la rencontre des savoirs et des pratiques d’une société : les arts, les sciences, les techniques et les sciences humaines.
Alors comment l’architecture est-elle produite ? Comment est-elle pensée ? Comment est-elle pratiquée ? Et en particulier par son corps professionnel dominant, c’est-à-dire les architectes. Dominant car les architectes ont fait le choix dans l’histoire, du camp du pouvoir. Comment avec cette lourde histoire repenser le métier ?
L’architecture, avec cette position transversale des savoirs et des pratiques associant la vie sociale, la vie pratique et la pensée politique, invite à se questionner sur la place de tous dans l’espace politique. Et en cela, elle permet une réflexion singulière sur l’éducation, c’est-à-dire sur les modes de transmission et de création.

Poser la question des pratiques d’un métier dans son rapport au politique, c’est poser la question de la “participation des habitants” aux décisions politiques concernant leurs lieux de vie et de travail. Car la “participation” est une notion qui se situe dans une remise en cause du pouvoir et du rapport au savoir de ceux qui ont effectivement le pouvoir (élus, architectes...). Elle introduit un rapport de forces dans la création, et instaure des rapports de transmission.

Parler de pratiques, parler d’actions. Le langage, les mots ont une influence sur les actions, aucune parole n’est innocente. Les mots agissent sur l’action et traduisent une pensée politique. C’est pour cela que nous nous sommes intéressés aux mots employés à propos de la paticipation, aux mots de personnes appartenant au champ de l’architecture et de l’aménagement, et au champ de la politique.
Les mots d’architectes ayant pratiqué la participation dans l’exercice de leur métier, nous ont particulièrement intéressé. Nous avons tenté de comprendre ce que leurs paroles sous-entendaient comme pensée politique. Essayer de comprendre, par l’entrée de la participation, ce qui différencie les pensées politiques et plus précisément les pensées politiques situées dans cette grande famille qu’est le socialisme.
La pensée politique libertaire nous semble être celle qui est la plus proche de nos préoccupations car, chez elle, pensée et action, ou pensée et pratiques ou encore pensée et mode de vie sont indissociables. Nous verrons que des philosophes et sociologues ne se revendiquant pas libertaires, alimentent pourtant, croyons-nous, cette réflexion que nous situons dans la pensée libertaire.
Nous engageons un travail de recherche sur cette famille de pensée non établie car, au sein de cette famille, chacun se fabrique une filiation personnelle.
Alors, nous nous sommes mis à l’épreuve de raconter une action politique qui était censée préfigurer des pratiques du métier d’architecte telles que nous les imaginons dans ses rapports au politique.
A partir de ce récit, nous avons pris le risque de débuter une réflexion sur ce que peut être la politique, comment la définir (chapitre III). Pour cela nous avons entamé un dialogue avec des pensées. Des pensées de philosophes et de sociologues, et des pensées libertaires ayant toutes en commun d’avoir élaboré une pensée politique."