au Studio de l’Ermitage, Paris 20e, avec Julián Demoraga, membre de l’Amassada Rromani Transversale de didattica
mercredi 22 avril 20h30
mardi 14 avril 2015, par
Julián Demoraga, textes, composition, chant
Diego El Kinki, composition et arrangements, machines, chant
David Marcos, saxo, clarinette basse
article exceptionnel de Claude Worms à propos des deux albums d’El Último Grito
Entre poésie, musique et architecture (arts visuels et scénographie), cette performance artistique réunit des figures musicales d’une Occitanie résolument moderne, et pose des questions d’une actualité de plus en plus brûlante : le dialogue culturel entre Rroms et Occitanie pour une France plurielle et démocratique.
Images du concert de Léa Longeot
Claude Worms pour Flamenco Web Magazine
"De la musique avant toute chose", ainsi tentait de définir l’immense poète qu’était Paul Verlaine l’art poétique, et ce beau vers impair pourrait résumer à lui seul le superbe concert auquel nous avons assisté hier soir. Musique et poésie étaient au rendez-vous et n’ont pas failli. Les musiciens, Diego el Kinki aux manettes de son super ordinateur créateur de musique et soutien sans faille du chant inspiré de Juliàn Demoraga, et David Marcos au saxo et à la clarinette basse jouant en contrechant sur la superbe poésie chantée de Juliàn, ont fait passer un souffle emmêlé de rock, de flamenco et de free jazz vers un public enthousiaste, déconstruisant et reconstruisant le flamenco, à la manière des grands peintres du siècle dernier qui faisaient renaître la poésie de leur toile sur les fragments concassés de la figuration. Le groupe s’est produit hier sur la toile de fond d’une création visuelle de Ivan Chabanaud, qui lui aussi, à sa manière, tente de créer à partir de documents anciens (un film sur la mort de Manolete, un encierro) une œuvre personnelle aux accents psychédéliques.
Merci aux artistes d’avoir remis la poésie au centre de la scène, de l’avoir portée avec tant de talent, une poésie qui s’adresse à nous, humbles mortels présent dans cette salle parisienne mais aussi à tous ceux qui sont privés de tout et à qui "on veut enlever ce rien qu’ils n’ont pas" comme l’ a dit hier soir le chanteur poète Juliàn Demoraga.
Claude Worms à propos d’El Último Grito : "il s’agit ici de considérer le flamenco, non comme un répertoire de formes et de modèles mélodiques qu’il conviendrait de réinterpréter de manière singulière (ce qui d’ailleurs ne serait déjà pas si mal), mais plutôt comme un matériau littéraire et musical à partir duquel il est possible (et également nécessaire et salutaire) de créer une musique populaire contemporaine - savante quant à sa conception, mais immédiatement prenante et compréhensible."