jeudi 9 février 2006
Etaient présents : Karine Durand, Léa Longeot, Elise Macaire, Sandra Bonilla, Khalid Bouallali, Djamila Hamouni, Carla Alves, Nabiha Briki.
Excusés : Anouchka Dyphart, Nathalie Bonnevide, Sophie Moal, Adeline Besson, Hakim Kechad, Samiha Henni.
Absents : Hélène Oblet et Frédéric Pedrosa.
L’ordre du jour était :
– activités et projets de didattica
– accueil des idées et projets (stages, projets pédagogiques et participatifs, débats…)
– programme des projections-débats sur le thème de l’architecte-cinéaste dans une démocratie
– appel à contribution pour la revue
– élections du bureau et du conseil d’administration de l’association
Nous avons fait une présentation rapide de l’histoire de didattica. Comment l’association est née à l’école d’architecture ?
Dés le début, l’association a mené de front des actions pédagogiques et démocratiques et un travail de réflexion et d’écriture qui préfigure un projet d’atelier de recherche. Aujourd’hui, un projet pédagogique est en cours d’élaboration sur le thème de l’écologie et la revue de didattica naît avec son premier numéro sur le thème des actions pédagogiques.
Nous avons distribué le plan du premier numéro de la revue (document ci-joint) et nous avons introduit le projet pédagogique sur l’écologie dans une école primaire en présentant Sandra Bonilla, étudiante de l’école, qui souhaite le mener. Pour monter le projet, Sandra a demandé à entendre le témoignage d’expériences pédagogiques. Khalid Boualalli a répondu en racontant un atelier d’architecture qu’il avait mené dans son quartier à Grenoble. Et une discussion a suivi sur les méthodes pédagogiques d’ateliers d’architecture.
Nabiha Briki
Nabiha est membre du bureau de didattica depuis un an et elle renouvelle aujourd’hui sa candidature pour l’élection du nouveau bureau.
Nabiha nous a confié son attachement ancien aux questions d’enseignement. En effet, dans le cadre de ses premières études en géographie, elle avait suivi un optionnel sur la pédagogie et la didactique en vue de devenir enseignante. Puis, durant ses études en architecture, Nabiha a mené des expériences pédagogiques dans deux structures. D’un côté, elle a animé un atelier d’architecture en collège avec une professeure d’art plastique et de l’autre elle a été guide pour les Promenades Urbaines du Centre Georges Pompidou.
Nabiha prépare actuellement son Travail Personnel de Fin d’Etude (TPFE) à l’école d’architecture de Paris La Villette sur la reconversion d’un patrimoine industriel en accueil multimodal et structure petite enfance. Ce sujet est la suite d’un travail qu’elle a réalisé dans le cadre de son stage de fin d’étude au Conseil Général de la Seine Saint Denis sur un état des lieux des crèches du département. Elle a ensuite été chargée des projets de rénovation et de réhabilitation des collèges pour le même département. Nabiha passe actuellement le concours pour devenir fonctionnaire territorial.
Carla Alves
Carla est architecte, diplômée à l’école d’architecture de Paris La Villette. Son TPFE porte sur la requalification d’un ancien hôpital à Venise avec la prise en compte dans le projet d’architecture des règles de la Haute Qualité Environnementale (HQE) et de l’écologie du lieu. Elle se dirige vers une activité professionnelle axée sur les questions d’écologie.
Carla a exprimé son intérêt pour les actions pédagogiques en architecture et notamment en vue de sensibiliser à l’écologie. Dans ce sens, elle nous a parlé de l’Agence Régionale de l’Environnement et des Nouvelles Energies (ARENE) qui pourrait financer des projets pédagogiques de didattica sur le thème de l’environnement. Elle a souhaité nous mettre en contact avec des architectes réunis en association dans le Sud de la France qui mènent des actions pédagogiques.
Karine Durand
Karine est membre du Conseil d’Administration de l’association didattica et se présente aux élections du nouveau bureau de didattica.
Elle est architecte, diplômée à l’école d’architecture de Paris La Villette. Son TPFE porte sur la ville hospitalière et sur l’intégration des enfants handicapés mentaux dans une unité de quartier à Aversa, près de Naples, en Italie. Elle a donc interrogé la relation de l’architecture à la psychiatrie à travers la question de l’insertion sociale.
Karine a participé dans le cadre de ses études à une activité de La Villette Etudiante, Chantier Public qui organisait des débats chaque année sur un thème différent. L’année 2000, le thème était celui des déchets et la réflexion a abouti à la réalisation d’un prototype de poubelle de tri d’appartement, financée par la Bourse de l’environnement de la Mairie de Paris.
Karine vient de terminer un Diplôme d’Etudes Supérieures Spécialisées (DESS) de maîtrise d’ouvrage en aménagement et son mémoire porte sur l’intégration de la Haute Qualité Environnementale dans l’aménagement.
Sandra Bonilla
Sandra est étudiante de troisième cycle à l’école d’architecture de Paris La Villette et a contacté l’association didattica en vue de mener une action pédagogique sur l’écologie afin d’avoir une expérience pratique parallèlement à la préparation de son diplôme. Celui-ci porte en effet sur un projet de groupe scolaire de plein air en Equateur (son pays d’origine) situé dans un parc naturel sur une colline au-dessus de la ville de Quito. C’est à l’occasion d’un stage au centre de recherche urbaine de Quito que Sandra a découvert ce parc et qu’elle a pris conscience, à travers l’animation de parcours éducatifs, de l’importance de la pédagogie pour un architecte qui veut sensibiliser les écoliers (en tant que futurs citoyens) à l’architecture et l’urbanisme durables.
Sandra a la volonté de développer des activités pédagogiques dans son pays et pourquoi pas en lien avec didattica.
En réponse à Sandra, Léa a parlé du projet de réseau de didattica, le réseau de l’aede (architecture, éducation, démocratie) qui a pour objectif de créer un espace de réflexion commun aux associations et individus qui mènent des actions pédagogiques et démocratiques dans le domaine de l’architecture et plus largement de la création. Ce projet de réseau est né en 2003 avec un séminaire que didattica a organisé à l’école d’architecture de Paris La Villette, autour de trois thèmes : la transversalité, la coopération et l’institution (voir le plan détaillé des interventions sur le site de didattica). Le deuxième numéro de la revue de didattica sera consacré aux actes de ce séminaire. Une autre rencontre du réseau aede est prévue dans le courant de l’année 2007.
Léa Longeot
Depuis le début de ses études d’architecture, Léa fait des films ; elle a alors parlé d’un film qu’elle a réalisé, qui traitait entre autres de questions écologiques. C’était une commande d’une revue agricole, Entraid, la revue des Coopératives d’Utilisation de Matériel Agricole (CUMA). La commande était de créer un outil d’analyse et de réflexion sur un événement biennal qu’organise la revue, le Salon Plein Champ. Un des thèmes abordé dans ce film est l’engagement des paysans dans la production d’énergies alternatives et d’agriculture écologique. En effet, le film recueillait des témoignages d’agriculteurs qui mettent en place des techniques de production d’énergie renouvelable comme le biogaz, qui fournissent des matières premières écologiques pour le bâtiment comme le chanvre, qui associent leur pratique écologique à une pratique pédagogique comme les fermes pédagogiques…
Comme Sandra a souhaité entendre des témoignages d’expériences pédagogiques, Léa lui a proposé, en complément du mémoire de TPFE d’Elise qui lui a été transmis, de consulter le projet pédagogique de didattica réalisé par une architecte (Stéphanie Renault) pour l’école de Lagny. Les élèves de cette école, par l’intermédiaire du Conseil des Enfants, avaient demandé à travailler sur le thème de la violence dans la cour de récréation.
Léa a ensuite introduit Khalid comme un ami qui suit les activités de didattica depuis le début et qui est aujourd’hui membre de l’association. Il est architecte, diplômé à l’école d’architecture de Paris La Villette, et a mené des actions pédagogiques.
Khalid Bouallali
Khalid a souhaité répondre à Sandra en témoignant d’une action pédagogique qu’il a menée à Grenoble, dans la cité HLM de son enfance, alors qu’il était étudiant en architecture. Il était pion en collège et a souhaité faire un travail critique avec les « enfants des cités » sur leur habitat. Sa démarche consistait à prendre en compte le vécu de chaque enfant du point de vue de leur double culture, étant donné la grande diversité des cultures représentées dans le groupe. Par exemple, ils ont comparé la place des pièces d’eau dans leur logement et dans l’habitat des pays d’origine de leurs parents. Ils ont alors construit une critique positive de leur habitat au regard de l’histoire et de la culture de chacun et au regard de l’histoire de la « cité ».
À partir de ce témoignage, une discussion a suivi sur les méthodes et les techniques pédagogiques de didattica.
En effet, l’expérience de Khalid a mis en lumière l’importance, dans un projet pédagogique, de la prise en compte du groupe en tant que collectif particulier et de celle de chaque personne dans sa singularité. Cette démarche favorise la constitution d’un collectif - dans le sens où chacun trouve sa place au sein de ce collectif - et permet aussi à tous de développer un travail personnel. Une des techniques pour arriver à cela est la pédagogie par le projet, qui vise à accueillir les désirs et les projets de chacun - le pédagogue compris - et qui aboutit à une réalisation commune. Un des conseils donnés à Sandra dans la perspective de définir son projet pédagogique, est de ne pas perdre l’idée de se faire plaisir (réaliser ses désirs de projets, de sujets, d’objets…) afin de transmettre son plaisir d’apprendre et d’agir, car nous savons bien que le plaisir est communicatif.
Léa a ensuite présenté Djamila.
Djamila est une architecte d’Algérie, que didattica a rencontrée par le biais du Collectif des Sans Papiers Kabyles.
Djamila Hamouni
Djamila a souhaité connaître les fondements politiques de didattica, elle nous a demandé de résumer nos positions dans le champ de l’architecture et nos motivations.
Léa et Elise ont répondu sur deux plans, le premier étant l’histoire de la constitution du collectif de didattica et le deuxième, les idées fondatrices.
L’association est née de la rencontre de personnes menant des actions pédagogiques ou se préoccupant de la pédagogie en architecture. L’idée fondatrice est qu’il n’y a pas d’architecture démocratique sans pédagogie. Alors, pourquoi vouloir la démocratie en architecture ? Pour nous, tout le monde doit pouvoir décider de ses espaces de vie. L’un des enjeux pour l’architecte dans une démocratie est de partager le travail de conception architecturale avec les personnes concernées, car il s’agit du moment et du lieu de définition des espaces et donc du moment et du lieu de décision.
Djamila a rebondi sur ce sujet en témoignant d’une expérience qu’elle a menée dans le cadre d’un stage à Marseille.
Elle nous a raconté qu’elle avait participé à un travail de rénovation d’une cité HLM qui associait les habitants à la conception de l’aménagement de leur appartement.
Il a tout de suite été proposé à Djamila d’écrire le récit de cette expérience qui pourrait être publié dans le deuxième numéro de la revue de didattica.
Elise et Léa en ont profité pour demander à Khalid d’écrire lui aussi le récit de son expérience pédagogique, pour le premier numéro de la revue sur les actions pédagogiques.
Khalid nous a ensuite interpellées sur les conditions de vie dans les cités HLM aujourd’hui, en abordant l’actuel soulèvement populaire des jeunes dans les « cités ». Il nous a parlé du sentiment de ceux qu’on appelle les « grand-frères », face à ces événements, sentiment d’échec lié à leurs investissements associatifs et politiques, notamment en direction des jeunes (par le biais d’activités sportives et culturelles dans le quartier). Ils font en effet le constat que les politiques publiques n’ont pas été et ne sont toujours pas à la hauteur des besoins.
La réunion arrivant à sa fin, Léa a dit deux mots sur les projections-débats que nous voulons organiser cette année et l’année prochaine. Quatre architectes-cinéastes (dont deux membres de didattica, Léa et Anouchka) seront invitées à présenter leur film et à discuter de la question : « en quoi la fabrication d’un film peut-elle être une pratique architecturale ? ». En vue de la préparation de ces débats, Léa a proposé de réunir l’association une prochaine fois.
Elise Macaire
Elise a conclu la réunion en organisant rapidement les élections du Conseil d’Administration et du bureau de didattica.
Elle s’est présentée comme présidente, Karine comme vice-présidente, Nabiha, secrétaire et Léa, trésorière (voir en fichier joint le procès verbal avec la liste des membres du Conseil d’Administration).
Et pour finir, Elise a invité le groupe à aller boire un verre dans le quartier.