Le Parisien Seine-Saint-Denis

Nous avons été impressionnés par leurs idées
FRANCIS OUDIN, PROFESSEUR

"Qui n’a jamais voulu repeindre son vieux collège, agrandir la cour, changer son mobilier hors d’âge ? Ce rêve de gosse, deux enseignants du collège Jacques-Jorissen, qui réunit des élèves de Drancy mais aussi de Bobigny, du Blanc-Mesnil et de Bondy, le proposent à une vingtaine d’élèves volontaires. Francis Oudin, professeur d’arts plastiques, et Hiassine Merah, professeur d’habitat, animent depuis un an un atelier d’art et d’architecture unique en son genre en milieu scolaire.
« L’idée était de créer, dans le cadre de l’ouverture culturelle du collège, un lieu où les élèves de 3e et 4e pourraient réfléchir sur leur environnement et mener des projets pour l’améliorer, explique Hiassine Merah. Nous voulions qu’ils acquièrent un vrai sens critique mais aussi qu’ils s’approprient leur collège. »

Les apprentis architectes se retrouvent deux, voire trois fois par semaine, après les cours, pendant une heure et demie. Histoire d’aiguiser leur oeil, ils ont d’abord passé trois séances à photographier sous toutes les coutures leur établissement, créé en 1973 sur un modèle architectural courant à l’époque, enrichi de terrasses.
Leur constat fut sévère — triste, dégradé, mal conçu, pas assez moderne ni confortable — et leurs propositions nombreuses. Avec l’aide d’un architecte professionnel, ils les ont couchées noir surblanc, réalisant des plans du préau de leur rêve, des maquettes de nouveaux bancs pour leur cour, des esquisses d’un foyer pour élèves en forme de véranda qu’ils verraient bien réalisée sur une terrasse inoccupée…
Deux projets concrets sont ainsi nés de leur imagination : la réalisation d’arches de couleurs pour embellir un couloir étroit et anguleux du premier étage et la création d’une sculpture à l’entrée du collège. Leurs deux profs ont lancé un site Internet, www.atelier-art-jorissen.fr, pour montrer l’évolution et l’étendue de leur travail. « Nous avons été impressionnés par leurs idées, avoue Francis Oudin. Nous sommes persuadés que la fantaisie et la poésie qu’ils peuvent apporter auront une réelle influence sur le comportement des autres élèves. »
Enseignants et collégiens attendent donc impatiemment le feu vert du conseil général, propriétaire et gestionnaire des collèges, pour installer leurs oeuvres. Mais les jeunes avouent avoir d’ores et déjà tiré parti de l’atelier. Jishanthi a appris àmieux structurer son travail, Brahim a aidé son frère à repeindre sa maison, Ouissemamême donné des astuces à son père pour des travaux intérieurs."

Un article d’Eric Bureau, publié dans Le Parisien Seine-Saint-Denis, 04/11/2010